Zéro photoshop ?!

Il m’arrive parfois innocemment de dire que je n’utilise pas Photoshop(c). Certains clients pensent (sans le dire, ils sont polis et bien élevés) : « est-ce un vrai photographe, un professionnel, s’il n’utilise pas Photoshop ? ».

Cela peut être perçu de ma part comme une attitude rétrograde, anti-progrès, anti-multinationale…

Pourquoi en effet se priver d’un outil puissant qu’utilisent beaucoup de photographes et autres métiers de l’image?

Il est vrai que cet outil permet de transformer des photos plates, banales, en photos attrayantes. De raviver des couleurs ternes – un peu comme certaines lessives – et les rendres éclatantes.

Certaines photos traitées par Photoshop sont parfois tellement merveilleuses, on en a les yeux qui brillent !

A quel moment a-t-on quitté la réalité?

Où se situe le curseur entre la simple amélioration et la réinterprétation de la réalité?

Pourquoi va-t’on s’émerveiller devant une photo trafiquée, maquillée comme une voiture volée, alors qu’on ne jetterait même pas un coup d’oeil sur la prise de vue originale?

Une image qui est tellement éloignée, tellement différente de sa prise de vue initiale, peut-elle encore être appelée une photo ? Je considère que non.

A partir de quand n’est-on plus photographe, mais devient-on graphiste ou illustrateur ? Ce sont de beaux métiers, mais ce ne sont pas les mêmes, certains n’hésitent pas à les fusionner.

Il y a pour moi un impact sociétal de Photoshop, autrement dit ce logiciel transforme notre société, et modifie – n’ayons pas peur des mots – notre civilisation. En effet, le regard s’éduque. Depuis des années on nous donne à voir des images tellement merveilleuses, extra-ordinaires, que notre regard attend encore plus, dans la surenchère permanente. Comme certaines drogues auquel le cerveau s’accoutume, il faut augmenter les doses. On ne veut pas voir du beau, mais du super-beau !

Ma vision de la photographie, c’est que l’essentiel de la beauté, de la puissance d’une image se joue à la prise de vue, et que le traitement, la post-production ne devraient améliorer l’image que de manière marginale.

Sans en faire une croisade pour autant, ne vous étonnez pas si vous remarquez #zerophotoshop associé à mes photos.

Pas de shooting chez Didier Formet Photographie !

C’est vrai que « séance photo », ou « séance de prise de vues » ou « séance de pose » ça fait XXème siècle, et c’est plus long.

Eh bien tant pis!

Pour moi, l’emploi du terme shooting (tirer) pour des photos, c’est vulgaire et racoleur. Cela présente le sujet – la personne qui pose – comme une cible ou un gibier. J’y vois un manque de respect.

J’y vois un terme industriel, qui évoque un travail de masse, voire des rafales de photos. Je ne fais jamais de rafale, chaque prise de vue est un aboutissement.

Je vous attends donc avec plaisir pour une prochaine séance photo.

Verified by MonsterInsights